Compte rendu de la conférence d’Ann Towns du 8 octobre 2025

Ann Towns est professeure de sciences politiques à l'université de Göteborg, en Suède. Ses recherches portent principalement sur les questions de normes, de hiérarchies et de résistance dans la politique internationale, avec un accent particulier sur le genre.

 

Elle est rédactrice en chef de Gendering Diplomacy and International Negotiation (avec Karin Aggestam, 2018, Palgrave) et auteure de Women and States: Norms and Hierarchies in International Society (2010, Cambridge University Press). Elle dirige actuellement le programme de recherche GenDip sur les normes de genre, les pratiques genrées et les hiérarchies dans la diplomatie, une institution interétatique longtemps dominée par les hommes, mais où davantage de femmes ont fait leur entrée au cours de la dernière décennie.

 

Le projet actuel d'Ann Towns est le livre Imperial, Familial and Bureaucratic: Global Gender Logics of Bilateral Diplomacy. Professeure Towns soutient que le genre fait partie intégrante de la diplomatie bilatérale, remettant en question l'opinion conventionnelle que le genre n'a pas d'importance.

 

Dans sa présentation sur le sujet, Professeure Towns a fait valoir de manière convaincante que, bien qu'elle soit perçue comme historiquement dominée par les hommes, la diplomatie n'est pas et n'a jamais été une pratique véritablement ou entièrement masculine. Au contraire, la diplomatie est un ensemble complexe de pratiques dans lesquelles les femmes ont toujours joué un rôle inhérent.

 

Comme l'a souligné Professeure Towns dans sa présentation, la diplomatie « ne concerne pas seulement les hommes politiques, mais aussi leurs épouses ». Les épouses des diplomates et d'autres figures féminines ont toujours joué un rôle indirect, en coulisses, dans la diplomatie. En plus d'agir de plus en plus comme des diplomates officielles elles-mêmes, les femmes continuent à servir d'yeux et d'oreilles officieux pour obtenir des informations, ce qui est actuellement essentiel en diplomatie. Cette pratique est particulièrement avantageuse dans les contextes culturels où les sexes sont séparés. Ces interactions continuent à préparer le terrain pour les relations diplomatiques plus publiques, médiatisées et dominées par les hommes que nous connaissons bien.

 

Malgré la levée des interdictions frappant les femmes diplomates entre les années 1920 et 1960, le rôle du genre dans la diplomatie reste mal compris, même par les femmes diplomates elles-mêmes. Cette lacune constitue une omission majeure, car la diplomatie est l'une des principales institutions des relations internationales, tant en tant que pratique que discipline académique.

 

Imperial, Familial and Bureaucratic: Global Gender Logics of Bilateral Diplomacy explique comment le genre façonne les règles diplomatiques, influence les affectations, influe sur les interactions et affecte la manière dont les diplomates se présentent. Les contributions de cet ouvrage sont principalement théoriques et empiriques. Cependant, cette recherche a également une dimension normative: Professeure Towns voit sa recherche comme une première étape pour lancer une conversation sur la manière dont le genre peut être abordé différemment dans la diplomatie. Cet objectif laisse aux lecteurs de son livre deux questions fondamentales et normatives: comment le genre peut-il contribuer au mieux à la réalisation des objectifs diplomatiques, et comment les diplomates peuvent-ils accroître leur sensibilisation au genre afin de faire progresser ces objectifs ?

 
 
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